
Les centrales de ferraillage à béton façonnent et posent les ronds à béton de nos constructions en béton. Rassemblé au sein de sa fédération Cobesta, le secteur connaît de nombreux défis dans la situation actuelle. Rencontre avec Pierre Henri Lesens, Responsable Ferraillage et Préfabrication chez CIT Blaton, et Frans Tilborghs Administrateur délégué de Frangema Staal.
Pierre-Henri Lesens
Responsable Ferraillage et Préfabrication chez CIT Blaton
CIT Blaton plonge ses racines dans une expérience de plus de 150 ans marquée par une volonté constante d’allier qualité et innovation. Tournée vers l’avenir, l’entreprise se veut moderne et ne cache pas son souhait de bâtir des relations clients solides. Malgré la crise du coronavirus, CIT Blaton se veut optimiste et est prêt à faire des sacrifices pour combler les retards qu’ont pu prendre les chantiers. C’est avec passion que Pierre Henri Lesens nous a ouvert les portes de l’entreprise.
Frangema Staal est une entreprise familiale qui réalise depuis 30 ans des armatures à béton pour divers projets de construction. Au fil des ans, les machines ont été élargies et renouvelées, nous nous efforçons de raccourcir les délais de livraison afin que les clients obtiennent plus rapidement les armatures à béton sur leurs sites. Grâce à la préfabrication de différentes pièces, nous pouvons également optimiser les temps de traitement.
Le ferraillage des structures en béton : un métier technique en pleine évolution ?
Pierre-Henri Lesens (CIT Blaton) : En effet, le ferraillage est une grande partie de la construction. Étant donné que le secteur de la construction connaît une évolution constante, le ferraillage doit également suivre cette évolution. La qualité et les normes des aciers doivent évoluer, au même titre que le béton.
Frans Tilborghs (Frangema Staal) : Au cours des dix dernières années, le secteur des armatures à béton a évolué de manière très significative. La numérisation est omniprésente, et nous aussi, nous prenons le train en marche. Le processus de production est constamment amélioré et innové. L’objectif est de produire le plus possible dans un délai aussi court que possible, afin de garantir des délais de livraison courts. Non seulement les machines deviennent plus rapides et meilleures, mais nous nous concentrons également sur l’automatisation de toute l’usine de pliage. Pensez au contrôle des machines, à la lecture des codes-barres, au retour d’information sur la production, à une planification plus efficace de la production, etc.
Le système BENOR est applicable à l’ensemble de la chaîne de production et de distribution du secteur des fers à béton. Est-ce un gage de qualité supplémentaire ?
P. H. Lesens : Je pense pertinemment que la marque BENOR est un gage de qualité incontestable. C’est un label de qualité par rapport aux fers à béton, cela offre un avantage. Nos centrales de ferraillage sont contrôlées régulièrement et cela assure une qualité primaire de l’acier, dont son origine est certifiée BENOR. La qualité de notre façonnage est également contrôlée. Tout cela ne peut être qu’un gage de qualité.
F. Tilborghs : Sans aucun doute. Le label BENOR assure un contrôle de qualité à chaque étape de la chaîne de production et de distribution. Tous les produits sont certifiés BENOR, de la soudure à la découpe et du pliage à l’entreposage. De cette manière, l’utilisateur final a une garantie de qualité sans avoir à encore
La crise du coronavirus a-t-elle lourdement impacté le secteur ? Pensez-vous pouvoir rattraper les semaines perdues ?
P.-H. Lesens : Nous avons été directement impactés par la crise, car nous avons totalement stoppé nos activités à partir du 18 mars et ce jusqu’au 17 avril. C’est à cette date que nous avons repris partiellement le travail, mais les séries de mesures de sécurité, de distanciation sociale, étaient très contraignantes pour nous. Nos activités ont repris à 70 % lors de la semaine du 27 avril et à 100 % la semaine du 4 mai. De notre côté, nous n’avons pas vraiment pris de retard, car les chantiers étaient à l’arrêt aussi. Nous garantissons désormais un délai de livraison sur chantier et nous le respecterons. Afin que le retard des chantiers puisse être rattrapé, la grande piste serait de raccourcir les congés d’été, mais rien n’est fait pour l’instant. Nous attentons des informations afin de pouvoir nous organiser et garantir la production.
F. Tilborghs : La crise coronavirus a évidemment eu un impact sur les entreprises de transformation des barres d’armature. Comme nous dépendons des entreprises de construction pour fournir nos armatures à béton, Frangema Staal a fonctionné à une capacité minimale absolue pendant quelques semaines. De nombreux chantiers sont au point mort ou n’ont pas encore complètement redémarré, ce qui entraîne des retards de livraison. En conséquence, nous avons dû stocker une quantité raisonnable de matériel provenant de chantiers qui avaient déjà été commandés, mais qui n’ont finalement pas été autorisés à continuer. Heureusement, nous disposions de suffisamment d’espace pour stocker le matériel. En attendant, la liste des contractants toujours en lock-down commence sérieusement à se raccourcir.
Il sera difficile de rattraper le retard accumulé, car les entrepreneurs ne peuvent pas travailler soudainement deux fois plus vite. Il est plus probable que ce retard s’étale sur toute l’année. La possibilité que le secteur de la construction continue à travailler pendant le congé de la construction n’est certainement pas inexistante. Dans ce cas, nous devrons également examiner si nous allons exceptionnellement poursuivre notre production pendant cette période. Afin de rattraper ce retard, nous devrons en tout cas établir un bon calendrier pour que nos clients obtiennent les armatures à béton dont ils ont besoin au moment voulu.
La programmation et la coordination des chantiers du point de vue de la livraison posent elles parfois des difficultés avec les entrepreneurs ?
P.-H. Lesens : Effectivement, le secteur est de plus en plus lié à des plannings serrés et plusieurs difficultés peuvent apparaître. Tout d’abord en ce qui concerne les bureaux d’étude ; qui dit étude, dit chantier qui prend un peu plus son temps, on reçoit les informations tardivement et on se retrouve dans l’urgence. Il est alors nécessaire de livrer l’acier rapidement. Ensuite, comme je l’ai dit, les chantiers ont de plus en plus des plannings serrés et cela ne laisse pas place à une quelconque marge d’erreur. Si quelque chose ne fonctionne pas sur le chantier, qu’une défaillance apparaît, nous prenons du retard et les livraisons sont retardées. Pour les chantiers en centre ville par exemple, ce n’est pas possible de stocker les marchandises, donc nous sommes dépendants des plannings.
F. Tilborghs : Il y a peu ou pas de problèmes sur les chantiers pour décharger les armatures à béton. Actuellement, les armatures à béton préfabriquées sont principalement demandées parce que cette technique est la meilleure façon de respecter les mesures de distanciation sociale. Les mesures prises contre le coronavirus ne sont pas un obstacle. Seul un chauffeur est présent pour livrer le matériel sur le chantier, il informe par téléphone de sa présence et n’a pas besoin de faire signer le bon de livraison pour ainsi limiter les contacts. Nous pouvons donc facilement respecter la distanciation sociale d’un mètre et demi. Cette distanciation peut également être facilement maintenue dans l’atelier, qui fait 23 000 m2. Il y a également des gels hydroalcoolique près des machines et aux postes de travail.
Les plans de ferraillage sont-ils standardisés ? La numérisation via l’approche BIM est-elle bénéfique ?
P.-H. Lesens : Ni les plans, ni les bordereaux ne sont standardisés à l’heure actuelle, ce que je trouve personnellement très important. Nous sommes en pleine conversation au sein de Cobesta pour standardiser tout ça, mais cela n’a pas encore abouti. C’est très compliqué de mettre tout le monde d’accord. Il faut le consentement des bureaux d’études, des contrôles… Je pense que cela serait quelque de chose de positif, aussi bien pour les centrales, les bureaux d’études et les entrepreneurs. Je pense que le système BIM va aider à formaliser tout ça. Nous sommes de plus en plus confrontés à ce système, qui n’est pas encore utilisé dans la majorité des chantiers. J’ai apprécié les fois où j’ai été confronté à ce système, tout est bien calculé et étudié à l’avance.
F. Tilborghs : Malheureusement, il n’existe actuellement aucune normalisation pour les plans de ferraillage et les tableaux de pliage. Avec les possibilités technologiques, cela devrait certainement être quelque chose qui pourra être réalisé à l’avenir. Chaque usine de pliage travaille avec un système informatique avec lequel il est parfaitement possible de lire un tableau de pliage standardisé ou un plan de ferraillage. Ce serait bien si cela pouvait être réalisé, car cela rendrait le processus de production encore plus efficace.
Cobesta est également un grand partisan de la normalisation et étudie les possibilités de la mettre en place. Je ne sais pas exactement comment cela sera traité avec le système BIM, mais il me semble évident qu’ils utiliseront une norme standardisée pour cela.





