Comment la direction d’une entreprise peut-elle améliorer la sécurité dans la construction ?
En considérant l’innovation comme une opportunité et en établissant une ligne de conduite claire. Voilà la vision de Marc De Beuckeleer, de Codabe, notre fédération de centrales de pliage et d’entreprises d’armatures pour béton.
La sécurité fait partie des priorités du fonctionnement de la Confédération pour les prochaines années. Pour autant, cela ne signifie pas que le sujet ait été négligé dans le passé. Il a toujours constitué une préoccupation pour l’ensemble de la fédération professionnelle. Les efforts de Codabe le démontrent clairement.
Nous avons rencontré Marc De Beuckeleer, vice-président de Codabe, à Rijkevorsel. C’est en effet là qu’est établie Staalbeton (qui fait partie du Groupe Van Roey), dont il est directeur général. À ses côtés, Gunther Anné, responsable Qualité, Sécurité et Environnement de l’entreprise. Ce dernier nous a expliqué quels risques caractérisent les entreprises de Codabe. « Prenons comme exemple notre entreprise, Staalbeton. Des barres d’acier à béton de diamètres divers (Ø 8 à 40 mm) sont coupées à la bonne taille, pliées selon la courbure adéquate et éventuellement soudées pour en faire des cages d’armature. Auparavant, ces opérations requéraient la manipulation répétitive de charges relativement lourdes, ce qui sollicitait fortement le système musculo-articulaire, en particulier le dos. L’utilisation de plieuses mécaniques comporte aussi des risques, notamment de coincement », a-t-il expliqué. « Notre branche n’est pas une branche particulièrement dangereuse ou insalubre de la construction. Mais il
faut savoir que la nature de notre travail implique des risques spécifiques. Et nous désirons autant que possible les éviter. Les travailleurs en atelier ont droit à un environnement de travail aussi sûr que les employés de bureau », a indiqué Marc De Beuckeleer.
Saisir des opportunités
Codabe réunit des entreprises de construction particulières : la production se déroule en majeure partie en atelier et pas sur chantier. Mais c’est précisément pour cette raison qu’elles illustrent clairement le rôle que l’innovation et l’automatisation peuvent jouer. Auparavant, un ouvrier devait positionner les barres destinées aux armatures une par une sur les cisailles pour les découper ; il devait les soulever une à une pour les plier…Grâce à plusieurs investissements conséquents, ce processus est aujourd’hui en grande partie automatisé, avec un magasin de stockage automatique, le transport mécanique des barres et des opérations qui requièrent le moins possible de travail manuel. « Il est à souligner que ces machines sont assemblées à notre mesure. L’innovation se base sur notre apport. Nos spécifications adressées au fabricant ont, dès le départ, tenu compte de la sécurité et de l’ergonomie. Sur ce plan, l’innovation est une opportunité à ne pas manquer », a encore expliqué Marc De Beuckeleer. En conséquence, la contrainte physique a fortement diminué. Les éléments d’armature courants peuvent désormais être produits avec un minimum de travail physique et un maximum de sécurité.
D’en haut
Selon Marc De Beuckeleer, toutefois, la seule technologie ne suffit pas. L’aspect humain est également important. Les dirigeants, assistés de Gunther Anné, effectuent un monitoring permanent et interpellent immédiatement les travailleurs en cas de comportement insécurisant.
Les travailleurs en atelier ont droit à un environnement de travail aussi sûr que les employés de bureau.



“De plus, nous organisons des toolbox meetings au moins tous les deux mois. Ces moments de concertation nous permettent de discuter avec le personnel de la façon dont nous pouvons améliorer la sécurité, à l’aide d’exemples concrets. La sécurité est à l’ordre du jour de toutes les réunions avec les dirigeants. Au fil des ans, nous constatons qu’un changement de mentalité se produit au sein de l’entreprise, mais le temps que cela prend varie fortement d’un individu à l’autre », a indiqué Gunther Anné. « La délégation syndicale soulève parfois aussi des points d’attention. Mais en règle générale, nous n’avons pas à attendre qu’elle le fasse. La distance entre les
travailleurs et dirigeants est très réduite ici, les gens viennent eux-mêmes aborder les problèmes. Je constate toutefois que, dans le processus de sécurité, les choses
doivent surtout venir d’en haut”, a estimé Marc De Beuckeleer.
Stimuler
Les entreprises de construction ont de nombreuses possibilités. Prenons, par exemple, la CCT 90. Elle permet d’octroyer aux travailleurs un bonus lié au résultat, en fonction des résultats collectifs d’un groupe de travailleurs. Pour ce faire, l’employeur doit bien entendu utiliser des critères objectifs. Chez Staalbeton, le bonus dépend à 40 % des degrés de fréquence et de gravité des accidents dans l’entreprise. De quoi stimuler. Il existe un système similaire pour les dirigeants, ainsi qu’une prime de sécurité par département. Une chose est certaine : l’approche de Staalbeton intéresse. Le nouveau système de production a déjà éveillé l’intérêt dans diverses parties du monde et reçu la visite de personnes en provenance d’endroits aussi divers que Singapour, l’Allemagne ou encore l’Australie.